Jusqu'à présent, les scientifiques pouvaient procéder à l'identification d'un cépage à partir du bois ou de la feuille de vigne, a expliqué Patrice This, responsable de l'équipe Génétique de la vigne au Département génétique et amélioration des plantes du centre de recherche de Montpellier. Mais grâce au marquage moléculaire, les scientifiques arrivent à identifier le cépage d'un vin, caractérisé par une séquence particulière de l'ADN. Cette méthode d'empreinte génétique consiste à «extraire ou purifier l'ADN présent dans le vin, chercher des régions de l'ADN qu'on peut caractériser et qui sont typiques d'un cépage donné», précise Patrice This. Les caractères d'un cépage sont répartis sur l'ensemble du génome de la vigne. Pour l'instant, les scientifiques ont travaillé sur des vins expérimentaux mais ils n'ont pas pu appliquer la technique «de façon sûre sur les vins commerciaux», souligne l'INRA. L'application directe pour détecter les mélanges de cépages frauduleux ou l'utilisation de cépages différents que ceux annoncés devrait être possible dans quelques temps. En effet, le «problème principal du vin est qu'il subit beaucoup de modifications au cours du temps», d'où la difficulté de détecter les différents cépages contenus dans une bouteille vendue dans le commerce. Il faut donc que les chercheurs «améliorent la sensibilité» du marquage moléculaire. Ces recherches se déroulent en collaboration avec la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) et une start-up de la région spécialisée dans l'analyse de l'ADN dans produits transformés. La tâche reste vaste: il existe 3000 et 4000 cépages dans le monde environ, et l'équipe de l'INRA en a identifié près de 600 différents. Le projet titanesque des chercheurs est d'identifier la carte génétique de l'ensemble des cépages présents dans le domaine de Vassal, près de Montpellier, constitué par l'INRA et qui abrite «la plus grosse collection mondiale avec 2 300 à 2 500 cépages». Seuls 200 à 300 sont réellement cultivés de par le monde, mais les scientifiques pourraient tirer des enseignements précieux sur la vigne à partir de tous les types de cépages. Parmi ces 300, une vingtaine de cépages représentent environ 87 % des surfaces cultivées en France. Une trentaine de variétés de raisins de table sont également cultivées de par le monde. Si son équipe peut se targuer d'avoir caractérisé le plus de cépages, Patrick This rappelle qu'elle collabore avec les unités de l'INRA de Colmar et de Bordeaux, ainsi qu'avec une équipe américaine et des unités européennes. Source : la Revue des Oenologues Patrice This | 
