Science et technique | Œnologie | 24/03/2011
Filtration des vins
S’éclaircir les idées
Le 28 janvier 2011, près de 250 professionnels de l’ensemble de la filière vitivinicole ont été accueillis au Palais des Congrès de la Grande Motte pour la Journée de Rencontres Œnologiques des Œnologues de Montpellier.
Pour sa 28e édition, ce colloque annuel proposait un tour d’horizon des techniques de filtration des vins et une réflexion sur la préparation des vins à la filtration, en adéquation avec le process choisi tout cela sous la présidence de Bernard Gautier, expert en filtration des vins. Construit autour d’une série de conférence et d’un débat animé par un journaliste, ce congrès a permis de traiter à la fois des aspects pratiques, économiques et environnementaux du sujet.
Patrick Dardé, directeur commercial de Begerow France, a présenté les techniques de filtration frontale kieselguhr, plaques, cartouches et membranes. Citons en particulier l’arrivée sur le marché de nouvelles plaques filtrantes compostables BecoPad. Au-delà de leur performance, elles sont en cellulose pure et donc entièrement biodégradables elles nécessitent moitié moins d’eau pour être affranchies (pour éliminer le goût de papier qu’elles pourraient communiquer aux premiers litres de vins filtrés). Voilà des avantages indéniables pour réduire l’impact environnemental de la filtration.
Gaëlle Reynou-Gravier, coordinatrice du service technique de Lamothe-Abiet, a exposé un nouveau «ritère de filtrabilité des vins, baptisé CFLA (pour Critère de Filtration de Lamothe Abiet). La mesure du CFLA d’un vin se fait avec le même matériel que celui utilisé pour mesurer l’indice de colmatage. Elle permet de définir l’état de filtrabilité d’un vin. Croisée avec la turbidité du vin, cette information aide le vinificateur se poser les bonnes questions
- Mon vin a-t-il une bonne filtrabilité ?
- Si oui, quelle filtration puis-je envisager ?
- Si non, pour éviter tout colmatage du filtre, quel traitement peut améliorer sa filtrabilité une préfiltration, un collage, un enzymage ou un couple enzyme et colle ?
Cet outil, bien validé, devrait constituer une aide à la décision plus objective pour les filtrations et permettre d’économiser certaines filtrations inutiles qui fatiguent les vins, ou des colmatages onéreux.
« La filtration tangentielle s’implante de plus en plus dans la filière » estime Aude Vernhet de l’UMR Sciences pour l’œnologie INRA-Montpellier Supagro. En effet, les observations conduites depuis dix ans montrent que cette technologie respecte la qualité du vin traité et simplifie beaucoup la chaîne de préparation des vins avant embouteillage. L’emploi de fibres creuses organiques est aujourd’hui le plus répandu, en raison de leur bonne résistance à l’abrasion, en particulier vis-à-vis des vins contenant de la bentonite.Sandrine Boesch de l’Institut Coopératif du Vin a présenté des expérimentations. «ontrairement à certaines idées reçues, la filtration n’a généralement pas d’impact négatif sur les qualités organoleptiques d’un vin et ce, quel que soit le seuil de filtration choisi assure l’œnologue. En revanche, le choix du seuil de filtration a une grande importance sur le plan microbiologique et pour l’obtention d’un vin limpide.Question environnement, Sébastien Kerner de l’Institut Français de la Vigne et du Vin, a fait le point. Notons en particulier une nouvelle filière de traitement durable pour les terres de filtration. Depuis 2010, le kieselguhr et les diatomites peuvent êtres associés, comme les perlites, à des déchets verts en co-compostage, et servir de base à des amendements organiques.
Enfin, comme tous les ans, ce colloque a été l’occasion de remettre leurs récompenses aux deux étudiants lauréats David Nevot, major de la promotion 2010 et Charline Crosier, dont le rapport de stage « Le Bio, une solution d’avenir ? » a recueilli les suffrages de tous les lecteurs du jury. Cette remise des prix pendant la manifestation permet à l’Association des Œnologues de Montpellier de rappeler au public présent la raison d’être de ce colloque technique et scientifique depuis 1973 le bénéfice de cette journée est utilisé pour proposer aux étudiants en œnologie des activités complémentaires à leur cursus universitaire durant leur deux années d’études.

Écrit par Cécile Vuchot, pour l’Association des Œnologues de Montpellier.

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