Science et technique | Viticulture | 23/02/2001
TUNISIE : des vignes au Sahara
Un projet national est mené en Tunisie pour réhabiliter la vigne dans le Sahara : les résultats sont satisfaisants à plusieurs niveaux : conséquences agronomiques mais aussi sociales.
Le vignoble tunisien a connu son apogée à la fin du XIXe Siècle, début du XXe Siècle. Les variétés autochtones autrefois très présentes sont à présent en danger : selon les travaux de Ben Abdallah et al. en 97, plusieurs d’entre elles ont disparu ou sont représentées par un seul spécimen.
Pourtant, elles présentent une bonne qualité d’adaptation aux conditions climatiques et édaphiques les plus défavorisées.
Le projet lancé en 97 consiste donc à sauvegarder et réhabiliter ce patrimoine génétique
La réimplantation de la vigne en milieu désertique et de monoculture (le palmier-dattier), passe par la sélection de vignes autochtones aussi bien que méridionales.
La parcelle mise en place dans le sud-est tunisien (à Rjim-Maatoug) s’étend sur un hectare et compte 1 000 pieds dont 20 variétés différentes :
- 10 variétés autochtones dont notamment le Muscat d’Alexandrie, le Sakasly… et
- 10 variétés méridionales avec par exemple, le Muscat d’Italie, le Chasselas, le Carignan…
Il s’agit donc aussi bien de raisins de table que de raisins de cuve afin d’apporter à la population locale une meilleure diversification de la production.
Trois ans après le lancement du projet, les scientifiques sont aujourd’hui en mesure d’apporter des résultats.

Résultats agronomiques

Reprise à la plantation : elle varie de 39 % pour le Bidh Hmem à 90 % pour le Chasselas Doré. On peut donc retenir comme cépages les mieux adaptés aux conditions désertiques sur cette parcelle :
- Pour les variétés autochtones : le Turky (69 %) et le Razegui (66 %)
- Pour les variétés méridionales : le Chasselas doré (90 %), le Sup. Seedless (74 %) et le Dattier de Beyrouth (69 %).

Comportement de la vigne : Les vignes présentent une vigueur intéressante (développement végétatif et production) La maturité est précoce et concentrée pendant le mois de juin pour la plupart des variétés.
L’étude du comportement hydrique a confirmé que la transpiration est étroitement liée au rayonnement et au déficit de saturation. Un modèle a été trouvé pour estimer les besoins en eau de la vigne : appliqué au dispositif de pilotage de l’irrigation, il devrait permettre la rationalisation de l’eau, ressource naturelle menacée d’épuisement.

Assainissement de la vigne : Les variétés cultivées dans le sable, franc de pied et étaient issues de pieds-mères contaminés au moins par deux virus : le court-noué (GFLV) et l’enroulement (GLRaV). Or, les tests Elisa effectués pendant 2 ans ont révélé l’absence de virus. Des recherches sont en cours afin de démontrer la possibilité d’une thermothérapie naturelle. Cette zone pourrait alors servir outre de conservatoire génétique, d’aire de multiplication.

Impact pédologique : Des résultats de stabilisation du sol commencent à être ressentis.

Résultats sociaux

Le flux migratoire régresse sensiblement. Les agriculteurs sensibilisés deviennent des conservateurs : la population locale est largement intéressée par la diversification des produits viticoles : elle contribuerait essentiellement à la sécurité alimentaire dans ces régions marginales et par conséquent à leur repeuplement.

Documentation : INRST-Tunisie et Bulletin OIV-sept/oct 2000

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