Vin et Société | Billet d'Humeur | 06/12/2001
FRANCE : La mort annoncée du Vigneron Français - Le Sabre ou la Corde
Billet d'humeur d'Aimé Guibert
D'un côté, il y a les mâchoires glacées du mondialisme qui ne fait pas de quartier. La revue Américaine Business Week de septembre 2001, grand journal économique Américain, dit cela clairement : “Le système presque médiéval de la petite propriété vinicole Française, se débat pour survivre. De gigantesques compagnies financières Australiennes, Californiennes, ou d'ailleurs, sont en train de mettre les Français sur la touche. Ils sont en train de dépenser des millions pour créer des marques solides, reconnues dans le monde entier, pendant que les vignerons Gaulois continuent à produire de trop grandes quantités de mauvais Vin de Table, vendus sous des appellations trompeuses “.
De ce côté, c'est clair ; gros moyens financiers installant le monopole de grandes marques dans les Grandes Surfaces ; les vins Français sont condamnés et en plus ils sont qualifiés de mauvais ! Même leur charme de vins à l'ancienne, honorant les belles tables distinguées, même cela est nié, rejeté. Nous voilà condamnés à “boire des marques “. Plus facile à faire qu'un bon vin vivant !

De l'autre côté, la technocratie parisienne et le ministère, sont au moins aussi clairs : “Arrachez, disparaissez, vous aurez un peu d'argent ; sous entendu, quittez votre terre, laissez la place vide, allez rejoindre les chômeurs déracinés que nous avons créés systématiquement depuis quarante ans, sur les ruines de la petite paysannerie, avec l'appui très efficace de la F.N.S.E.A.. 23 % des paysans gardiens de la terre et des bons produits en 1950, aujourd'hui 2,5 % acculés à “industrialiser“ les produits agricoles.

Derrière ce langage de mort, à peine voilé, se profilent les grands projets d'aménagement du territoire au bénéfice de nouvelles routes, hôtels, résidences hôtels, centres de tourisme. But ultime, vendre le pays paysan vidé de ses vignerons aux promoteurs et remplacer les productions agricoles par l'activité touristique.

Le paysage humanisé va disparaître, la bonne table Française fera place aux surgelés, les Français perdant le lien irremplaçable de la fourchette avec leur sol et leurs racines. On les dirigera vers la vente de souvenirs “Made in China“, aux voyages organisés et encore dans la mesure où les grandes surfaces ne voudront pas prendre aussi ces nouveaux métiers.

Faut-il perdre courage et chercher des places sans délai, dans les sociétés de travaux publics et construction de lotissements, ou bien dans le corps de gardien des Parcs Nationaux qui effacent le passé agricole de la France ?

Face à ces deux sinistres menaces, quelle voie s'élève ? Qui hurle la colère républicaine, la colère de la sagesse : pas de pays sans paysans, pas de pays sans une production agricole qui façonne l'âme d'un peuple comme son corps ?

Ne pas protéger l'agriculture de qualité, la pousser vers la ruine, puis la pousser hors de chez elle, en rachetant à vil prix les fermes en faillite pour revendre ensuite ces mêmes sols à la valeur décuplée de lotissements et terrains urbanisés et le tour sera joué. Ajoutez encore que ces marges honteuses et le gros argent récolté, se retrouveront chez les marchands de béton, sans parler des marchands d'illusions politiques et vous aurez tué le cœur paysan d'un sage et vieux pays humaniste pour faire des fortunes douteuses, injustes et néfastes au bien commun.

Et cela fait trente ans que cela dure !

En ce moment de crise mondiale, en ce moment où les États Unis appellent à l'unité des hommes pacifiques, face à la barbarie du terrorisme, comment ne pas questionner la contradiction entre cet appel et le fait choquant que les USA et l'Australie viennent de claquer la porte de l'O.I.V. (Organisation Internationale du Vin). La barbarie ce peut être aussi la destabilisation de grands secteurs économiques chez les peuples anciens, Européens et aussi Africains.

Que ceux qui prônent l'union des démocrates, ne fassent pas voler en éclat les règles de respect mutuel et de bon voisinage économique.

Source : DAUMAS GASSAC - 34150 ANIANE


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