Vin et Société | Santé et Prévention | 13/09/2004
FRANCE : Alcool et grossesse
Quels risques ? Quelle prévention ?
Paris, le 7 septembre 2004, 26e matinée scientifique de l'Ireb
A l'approche de la Journée internationale de sensibilisation au syndrome d'alcoolisation foetale (SAF) le 9 septembre, le professeur Damien Subtil(1) et le Docteur Thierry Danel (2) ont rappelé l'importance d'une abstinence totale pendant la grossesse. Si le lien entre la consommation d'alcool et ses conséquences sur le foetus n'est plus à démontrer, reste à savoir à partir de quelle quantité son absorption devient dangereuse.

Une priorité de santé publique
Le 5 août dernier, le ministre de la santé, Philippe Douste-Blazy déclarait souhaiter « qu'il y ait un étiquetage des bouteilles pour dire qu'il y a un risque pour la femme enceinte ». Il annonçait par la même occasion le lancement d'une campagne de prévention en automne.

En France, l'alcool pourrait être une cause importante des déficits mentaux congénitaux.. L'incidence du SAF varie énormément d'une région à l'autre. Selon l'Inserm,, il concernerait deux naissances sur mille ; d'autres estimations vont jusqu'à 3,5 naissances sur mille. Le SAF serait ainsi responsable de 5 % des anomalies congénitales.
Alcool et grossesse, que sait-on aujourd'hui ?

La découverte des effets de l'alcool sur le foetus est le résultat des travaux de l'équipe du docteur Lemoine réalisés en 1968. Cent vingt-sept enfants de parents alcoolo-dépendants avaient été ainsi étudiés permettant de constater les effets de l'alcoolisme maternel.

L'éthanol (molécule de l'alcool) traverse facilement le placenta et interfère avec les étapes de multiplication des cellules cérébrales, de la migration neuronale et de la synaptogénèse (3).

Les effets d'une imprégnation du foetus ont été très précisément décrits par C. Salonne et al. (4)

- retards de croissance intra-utérins (principalement diminution du poids de naissance) ;
- anomalies craniofaciales (raccourcissement du nez, front bombé et étroit, arcades sourcilières arrondies, ptôsis au niveau des yeux...) ;
- malformations cérébrales, squelettiques et urogénitales ;
- anomalies neurocomportementale: pendant la petite enfance, le développement psychomoteur est ralenti et se traduit par des troubles de la motricité, un tonus musculaire bas et une hyperactivité..

A l'âge scolaire, troubles de l'attention et instabilité psychomotrice perturbent la faculté d'apprentissage (retards dans l'apprentissage du langage, de la lecture et de l'écriture).

A l'âge adulte, certains individus les plus atteints sont susceptibles de ne plus être autonomes ou de devoir fréquenter des instituts spécialisés.

Selon le Dr Danel, « Les enfants nés et élevés dans des familles présentant des problèmes d'alcool sont à haut risque de troubles psychopathologiques, neuropsychologiques et d'abus de substances. »

Des EAF au SAF

On distingue, d'une part, les formes légères dues à une consommation modérée d'alcool : troubles de l'apprentissage, difficultés sociales, etc. (on parle alors d' Effets de l'Alcoolisation Foetale - EAF) et, d'autre part, le syndrome d'alcoolisation fœtale proprement dit.

Selon le professeur Subtil « en dessous du seuil de trois verres par jour (toxicité certaine) il n'est pas possible de conclure à l'innocuité de l'alcool, mais l'existence d'un seuil en dessous duquel il n'existerait aucun risque n'est pas mieux démontrée. » Une consommation chronique est donc facteur de risques... tout autant qu'une alcoolisation aiguë et ponctuelle (« cuite »).

C'est pourquoi il est recommandé à la femme enceinte d'arrêter toute consommation de boissons alcoolisées pendant la durée de la grossesse.

Prévention et écoute

L'interrogatoire et l'information de la femme enceinte revêtent alors une importance capitale. Cette nécessité se heurte néanmoins à un problème évident de temps mais également un manque de formation des médecins au dépistage de l'alcoolisme. En effet, parler « alcool » n'est pas facile et renvoie à un sentiment de culpabilité de la patiente mais parfois aussi du médecin.

L'interrogatoire en consultation gynécologique devrait ainsi permettre d'évaluer la consommation d'alcool à travers l'enquête alimentaire. Cet interrogatoire pourrait être également l'occasion de délivrer des messages de prévention vis-à-vis d'une consommation abusive d'alcool.

En cas de détection d'éventuels problèmes liés à l'alcool, la prise en charge des patientes doit devenir pluridisciplinaire et impliquer aussi bien le médecin généraliste qu'une assistante sociale ou un psychothérapeute.

(1) Hôpital Jeanne de Flandre, Université de Lille II
(2) Service d'addictologie, CHRU de Lille
(3) Formation des synapss (zone de contact entre deux neurones)
(4) Alcool et grossesse, encyclopédie médico-chirurgicale, 5-048-M-20 (2004)

Source : IREB

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