Vin et Société | Économie | 08/06/2005
FRANCE : Le goût dit de "Bouchon" et son exploitation commerciale
Depuis quelques semaines, la presse "grand public" fait état d'un "remède miracle" pour faire disparaître ce mauvais goût, qu'en est-il ?
Ce mauvais goût est du à la présence de traces de 2,4,6 TCA et quelques autres molécules. Cette anomalie qualitative est un handicap à la bonne appréciation de la qualité des vins et est une cause de désapprobation pour le consommateur.
Cette déviance qualitative de l'ordre du pour mille autour des années 1970 est présente aujourd'hui de l'ordre du pourcent.
Il y a donc une évolution constante en 30 ans d'un cœfficient multipliant le défaut par 10.
Dans certain cas, ce défaut peut atteindre 10 % d'un lot ce qui est inacceptable par les professionnels.

La profession des bouchonniers, en particulier les groupes industriels important font de réels efforts pour remédier à ce défaut et aujourd'hui la tendance est à une lente amélioration.
Devant une telle situation, le conditionnement des vins s'oriente vers l'usage d'autres types de bouchage :
- capsules à vis
- bouchons en matière de synthèse
- bouchons en verre...

Ces évolutions alimentent un large débat afin d'apprécier les avantages et les inconvénients de ces nouveaux modes de bouchages et cela d'autant plus que les enjeux industriels, financiers et marketing sont à la hauteur d'un marché mondial annuel de 15 à 17 milliards de bouteilles.
La tendance pour certains est donc grande de faire peur et de proposer un remède au mal...
Pour d'autres acteurs de l'œnologie, il semble que les efforts doivent porter sur le préventif et non sur le curatif et qu'il appartient :
- à la profession des bouchonniers de continuer à faire des efforts pour maîtriser la qualité de la matière première "liège" et les traitements de cette matière première naturelle.
- et aux producteurs de vins de mieux maîtriser les déviances ayant pour origine le stockage des bouchons et le logement des vins.

... Quant au "remède miracle" présenté comme une innovation technologique, les informations scientifiques et techniques n'ont pas fait l'objet d'un véritable débat contradictoire permettant de donner un véritable crédit au remède.
Les organismes de surveillance et de contrôle des additifs alimentaires n'ont d'ailleurs pas, à ce jour, cautionner ce remède...
Il semble donc qu'il convient d'avoir plus d'éléments avant de se prononcer sur les effets miraculeux annoncés par une communication bien orchestrée et d'être circonspect sur le comportement de journaliste qui ont insuffisament vérifier leurs informations.

Dans ce débat, la responsabilité des acteurs est engagé et ils doivent maîtriser la qualité de leur production afin de satisfaire leurs clients et oeuvrer pour le liège à travers le bouchage des vins, continuer de proposer des images et des messages qui participe au plaisir d'ouvrir et de consommer une bouteille de vin.

Source : Revue des Œnologues

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