Vin et Société | Économie | 07/07/2004
EUROPE : Productions viticoles - Les tendances - Une situation explosive
Après une récolte 2003 quelque peu particulière (en quantité et en qualité), et alors que les comptes sont maintenant accessibles à l'ensemble des professionnels, il est temps d'en faire une analyse.
Fléchissement régulier de la production européenne :
Moyenne 1986-1990 : 189 Millions d'Hectolitres
Production 1999 : 177 Millions d'Hectolitres
Production 2001 : 156 Millions d'Hectolitres
Production 2003 : 158 Millions d'Hectolitres

En 2003, les pays producteurs importants sont :
France : 47,5 M/hl, Espagne : 46,5 M/hl, Italie : 44,5 M/hl
Les autres pays producteurs, Allemagne, Portugal, Grèce sont loin derrière le tiercé de tête (ils représentent au total 20 M/hl).

Pour la France et l'Italie, la tendance est régulièrement à la baisse environ 2 % par an de 1976 à 2003.

Pour l'Espagne, la situation est tout autre.
Le cas de l'Espagne :
De 1976 à 1996 : la baisse de production : - 2% par an
De 1996 à 2003 : augmentation de + 5% par an.
1996 : L'Espagne autorise l'irrigation sur la totalité de son vignoble, sans intervention particulière de l'Union Européenne (U.E). Cette même U.E. suspend la même année les primes d'arrachage.
De 2000 à 2003, les viticulteurs espagnols ont restructuré plus de 100 000 hectares (environ 10 % du vignoble). D'après certains pépiniéristes, ce chiffre est un minimum, la réalité voisinerait les 200 000 hectares.
A cet état, il convient d'ajouter les plantations illicites d'après un rapport de la Commission Européenne à fin 2003, 150 000 ha répartis sur Grèce, Italie, Espagne sont identifiés.
A ce rythme, l'Espagne va devenir d'ici 3 ou 4 ans le premier producteur européen de vins doublant ainsi l'Italie et la France.
Le cas de l'Espagne est en train de devenir une situation explosive dans l'équilibre du marché du vin, beaucoup plus sérieux que les tendances agressives des pays du Nouveau Monde (Australie, Afrique du Sud, Chili, Argentine,...).

La situation avec l'élargissement en Mai 2004 de l'Union Européenne aux pays viticoles suivants : Chypre, Hongrie, Malte, République Tchèque, Slovaquie, Slovénie et à partir de 2007 à la Bulgarie et la Roumanie, porte sur les volumes suivants :
2004 + 4 % (6 à 7 millions d'hectolitres)
2007 + 10 % (15 millions d'hectolitres)

Vis à vis des surfaces, la situation est certainement plus préoccupante et les données sont fluctuantes en fonction des plans de restructuration et de plantation qui ne sont pas encore en production.

De cette situation, les producteurs Italiens et Français risquent bien de faire les frais, d'autant plus que la consommation des pays européens, traditionnellement consommateurs de vins, baisse régulièrement.

Avec la récolte 2004 qui s'annonce normale alors que les stocks sont importants et que les courants d'exportation hors CEE sont en perte de dynamique, la situation s'aggrave.
Les solutions existent mais elles seront douloureuses.

Source : Revue des Œnologues


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