Vin et Société | Économie | 10/11/2003
SUISSE : Vendanges 2003 - un millésime historique
Les vendanges 2003 resteront dans les mémoires comme celles de tous les records. Précocité, maturités, maîtrise des quantités : autant de facteurs pour lesquels cette année viticole s'inscrit comme un millésime hors normes.
En Valais, on se souviendra longtemps de cette année viticole 2003 qui restera gravée dans les mémoires comme un millésime hors normes à plusieurs titres. Par sa précocité d'abord. Si l'ouverture officielle a été fixée au 28 août, les meilleurs parchets ont dû être vendangés dès la mi-août, à l'image du viognier de Thierry Constantin, encaveur à Pont-de-la-Morge, qui a été cueilli le 15 août à 96° Œchslé. Par son état sanitaire ensuite. La sécheresse de cet été caniculaire a protégé les grappes des attaques de pourriture grise. « Nous n'avons presque pas eu de vendanges déclassées », confirme-t-on par exemple aux Caves Orsat à Martigny.
Autre chiffre record : celui des degrés de maturité. Le laboratoire cantonal vient de publier les chiffres exacts. Tous cépages confondus, la teneur en sucre est de 3° Œchslé supérieure à celle de la moyenne des dix dernières années. Prenez les chasselas : le sondage moyen se situe cette année à 78,4 Œchslé contre 73,5 l'an dernier. .

Quantités modestes
Au niveau de la maîtrise des rendements, on bat de nouveau des records. Avec 35,2 millions de litres encavés et une baisse de la production de 22 pour cent pour les blancs (14,2 millions de litres contre 18,2 l'an dernier) et de 11,8 pour cent pour les rouges (21 millions contre 23,8), on se situe près de 7 millions en dessous de la récolte 2002, déjà considérée comme modeste. Il faut remonter à 1974 pour trouver une récolte inférieure à celle de 2003. Voilà un millésime qui permet d'espérer une revalorisation des prix payés aux producteurs. En effet, si le climat exceptionnel de l'été justifie en partie ces chiffres, ils doivent également beaucoup aux efforts sans précédents consentis par les vignerons valaisans pour jouer la carte de la qualité au détriment de la quantité.
La faiblesse des rendements, réjouissante pour les chasselas, est plus ennuyeuse pour les spécialités. Heureusement, dans le même temps les efforts de réencépagement consentis ces dernières années portent leurs premiers fruits comme le confirme Gérald Carrupt, responsable du secteur œnologique de la Coopérative Provins : « Nous disposons chaque année de nouvelles parcelles de spécialités. Cela compense la faiblesse des rendements de ce millésime. » Même son de cloche chez Rouvinez Vins à Sierre : « Avec des rendements de 500 grammes au mètre sur nos cornalins, nous sommes heureux que de nouvelles parcelles soient arrivées en production cette année. Globalement, nous disposerons d'une quantité de spécialités sensiblement égale à celle de l'année dernière », explique Dominique Rouvinez. Le laboratoire cantonal confirme, lui qui annonce qu'en 2003, les spécialités dépassent les 15 pour cent de la récolte.

Prometteuses dégustations
Et quid de la qualité ? Là, on en est encore au stade des supputations mais les premières dégustations sont plutôt convaincantes. Certes, les acidités étaient assez basses, en acide malique notamment. « Nous avons stabilisé les blancs après la fermentation alcoolique afin qu'ils conservent un maximum d'acidité », explique Dany Varone, du Domaine Cornulus à Savièse. Dominique Rouvinez a fait de même : « Ce n'est pas inquiétant, car c'est le malique qui manque. Sans fermentation malo-lactique, le bilan final est identique à celui d'un vin qui a subi ses deux fermentations. »
Les blancs, à l'image des fendants, se révèlent riches, amples et très fruités. Du côté des rouges, on est d'emblée frappé par les superbes robes, denses et profondes, arborées par l'ensemble des cépages, puis par la magnifique concentration et par les superbes tannins. « Ils sont déjà très agréables à goûter et seront vite prêts. Il faudra peut-être les boire dans les quatre ou cinq ans », estime Thierry Constantin. « Je n'ai pas peur pour le vieillissement. Le johannisberg, connu pour sa structure et sa faible acidité, est un vin de longue garde. Et cette année, beaucoup de vins sont des costauds », tempère l'œnologue de Provins qui prévoit une longue vie pour les crus de cet extra-ordinaire millésime 2003.

Source : Revue des Œnologues

Recherchez par mots clefs (auteur, thème...) parmis les Actualités.