Vin et Société | Économie | 27/06/2001
FRANCE : VINEXPO 2001 baisse les rideaux sur un bilan presque positif. Un seul débat "Marque, cépage, terroir… Quelles réponses à la crise viticole ?"
L’on doit à l’Académie Amorim l’initiative d’avoir organisé le seul débat d’importance à l’aube de 2001 et à Harpers Magazine le soin de sa mise en scène.
Le débat a été animé par :
Tim ATKIN - Rédacteur en chef de Harpers Magazine
Robert TINLOT - Président de l’Académie Amorim.

À la question de Tim ATKIN : Crise ou pas crise ? Les intervenants lancent le débat…

Monsieur CARTIERE - Wine market Report (USA)
Je pense qu’il y a une crise. Aujourd’hui, la question centrale n’est pas liée à la quantité de raisin récolté, mais à la recherche de nouveaux consommateurs dans le Nouveau Monde de concurrence accrue précédemment décrit.

Monsieur TORRES - Président de Miguel Torres SA (Espagne).
Pour moi, il y a une crise à laquelle les viticulteurs européens doivent se préparer à tout prix, au risque de disparaître. Cela est d’autant plus vrai que la situation est très différente dans le Nouveau Monde. Par exemple, le viticulteur espagnol devra payer 5 000 USD par hectare de vignoble, ce à quoi s’ajoutent entre autres les impôts, les frais d’appellation et les sponsors, alors que le Nouveau Monde est adapté à ce genre de situation, et tout le monde se retrouve sur le même marché.

Monsieur RENOU - Président de l’INAO (France)
Je ne peux parler que des appellations d’origine contrôlées françaises (AOC), dont, à ma connaissance, nous n’avons pas distillé un litre, et qui ne bénéficient ni d’aides ni de subventions. Il n’y a donc pas de crise dans les AOC en France, où le marché se porte bien. Il n’est toutefois pas inutile de prendre des précautions pour l’avenir.

Monsieur HANCOCK - Directeur Général marketing de Southcorp Rosemont (Australie)
Oui, il y a une crise, mais elle concerne surtout le mauvais vin, qui se trouve en bien trop grande quantité. Pour reprendre ce que disait Monsieur Torres, deux économies cohabitent sur la planète. Dans le Nouveau Monde sont appliquées les théories de Keynes ou de Smith, et les viticulteurs disparaissent s’ils ne cultivent pas de raisin de bonne qualité. En Europe, en revanche, nous sommes encouragés par les subsides gouvernementaux et d’autres formes de protection à produire des vins de mauvaise qualité qui ne trouvent pas de marchés. Selon moi, on peut éviter la crise en éliminant les producteurs de mauvais vin et en ne produisant plus que du vin de qualité.

Monsieur GUIBERT - Responsable Achats Vin du groupe Carrefour-Prodis (France)
Je pense qu’il y a une crise au niveau mondial, mais qu’il faut effectivement distinguer les différentes qualités de vin produites. De plus une analyse plus précise des consommateurs me semble nécessaire pour l’avenir, puisqu’ils sont directement liés à l’évolution de la consommation.

Monsieur HANCOCK
Avez-vous remarqué une différence entre consommateurs français et consommateurs d’autres pays où il y a des supermarchés ? Pensez-vous comme Monsieur Renou que ce n’est pas un problème d’appellation ? Si ce n’est pas le cas en France, les appellations françaises cherchent avec difficulté leurs consommateurs.

Monsieur GUIBERT
En effet, les consommateurs français sont face à un produit traditionnel qu’ils connaissent depuis longtemps. En France, les vins étrangers s’intègrent mal, puisqu’ils représentent environ 1,7 % de la consommation et que ce chiffre stagne. Toutefois, la concurrence étrangère évolue différemment en Belgique, où la consommation de vins étrangers augmente.

Monsieur GRANT - CEO Kendall-Jackson Vineyards and Vinery (USA)
Oui, il y a une crise : aux Etats-Unis et dans d’autres pays, on ne produit pas assez de vin pour satisfaire les besoins du consommateur. C’est donc une crise, mais positive.

Monsieur ATKIN
Y a-t-il un surplus de raisin en Californie ?

Monsieur GRANT
Le marché californien connaît une véritable dichotomie, due à la qualité : au nord, le raisin ne suffit pas, malgré nos efforts, à satisfaire la demande pour les cinq années à venir, alors qu’il y a surproduction de vins moins chers et de qualité médiocre dans la partie côtière de l’Etat. Mais nous connaissons une phase de croissance générale malgré le ralentissement de l’économie américaine. Je pense que le contexte nous sera favorable pendant 10 ou 15 ans, car la force motrice de la croissance est la génération du baby-boom (30 à 59 ans), principaux consommateurs de vin, et 5 000 d’entre eux entrent sur le marché américain tous les jours.

Monsieur ATKIN
Monsieur Aguinaga, est-ce que les chiffres actuels vous inquiètent ?

Monsieur AGUINAGA - Président de l’OIV (Argentine)
La situation générale montre que nous sommes en présence d’une crise. L’Argentine connaît d’importants problèmes avec la vitiviniculture. Je crois qu’il est nécessaire de mettre tous les moyens possibles en œuvre pour comprendre la demande des consommateurs. Ce doit être l’objet de tous nos efforts actuels.

Robert TINLOT, Président de l’Académie Amorim, oriente alors le débat sur les attentes des consommateurs, en particulier européens… Une table ronde de deux heures, l’attention d’une salle comble, la qualité des échanges, et l’intérêt d’en savoir plus… C’est une invitation à vous rendre sur le site de l’Académie Amorim : www.academie-amorim.com

Source : Academie Amorim

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