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PUBLICITÉ ET ALCOOL DISCIPLINE OU CENSURE

PRÉFACE

e vin tient une place tout à fait exceptionnelle au sein des denrées alimentaires et des boissons. Breuvage mythique et mystique, instrument du Culte ou objet d'offrande dans de nombreuses religions, promesse pour l'au-de-là dans le Coran, valorisation sociale pour ceux qui le produisent ou le consomment, source d'inspiration des poètes des romanciers ou d'autres hommes habiles à la plume, récompense pour un service rendu ou cadeau pour une fête, boisson de tous les jours ou vin d'honneur, le vin est présent dans toutes les circonstances de la vie; des livres innombrables ont été écrits et sont encore écrits chaque jour à son propos. Des millions de personnes vivent de sa production ou de sa vente, des millions de personnes y trouvent une source de plaisir et, selon les autorités médicales modernes les plus averties, une source de santé. A cet égard, je ne résiste pas au plaisir de citer ce que l'auteur bordelais d'un magnifique ouvrage tout récent: « St Emilion miroir du Vin » rapporte à propos de St Benoit parlant de la consommation du Vin: « que chaque homme de foi ait chaque jour le minimum spirituellement vital »; le vin quotidien source de spiritualité !

Le vin est un bien pour l'homme. Celui-ci doit le savoir mais, comme de toute chose, il doit en user sans excès. Les addictions de toutes sortes nous appellent à réagir, mais faut-il pour cela mettre en accusation un produit plus qu'un autre ? Les études les plus récentes et les plus sérieuses montrent que ce n'est pas l'alcool qui est en cause mais l'homme qui, abandonnant toute sagesse, se laisse parfois aller à des débordements. Tous les débordements sont critiquables, ils sont violence, mais il faut en connaître les causes pour en limiter les effets et ne pas appliquer aux bienportants les traitements réservés aux malades.

L'abus du pouvoir est aussi critiquable, il est source de violence et n'est point sage celui qui se laisse aller à des excès, même - ou surtout - de nature juridique. On est d'ailleurs surpris de noter que la lutte contre l'alcoolisme se restreint à la quasi prohibition de la publicité alors même que l'on connaît aujourd'hui les mécanismes humains qui conduisent à l'excès et, par là même, à l'accident et à la maladie. On sait aussi que la part de la publicité y est négligeable, en tout cas incertaine. Ceux qui tendent à réduire la responsabilité de l'homme pour lui substituer celle, diffuse et insaisissable de la Société, nous entraînent sur des voies dangereuses. Nous savons mieux maintenant quelles dérives ont provoqué les idéologies se cachant derrière les idéaux.

Nous devons complimenter Hervé Le Diascorn d'avoir approfondi le droit nouveau de la publicité des Vins et alcools et d'avoir éclairé un sujet qui touche profondément la population francaise et sa culture. L'auteur, par une analyse approfondie et parfaitement documentée, permet de comprendre la loi de 10 Janvier 1991 et d'en saisir les fondements et les mécanismes. Reposant sur le principe de l'interdit, la loi prend le pari de l'irresponsabilité, à la fois celle des professionnels et celle des individus. Elle est conduite par une idée directrice qui tend à culpabiliser tout un secteur de l'économie et, renonçant à la sagesse, laisse se profiler derrière la modération le spectre des années sinistres de la prohibition, au début de ce siècle. Par un luxe de détails visant les publicitaires dont certains abus certes ont provoqué cette réaction, l'information, I'éducation et même la pérennité de la culture sont mises en péril. Le pouvoir réglementaire en charge des décrets d'application pourra-t-il revenir à plus de raison, rien ne le laisse prévoir aujourd'hui. On espère au moins qu'il apportera plus de clarté.

La loi de 10 Janvier 1991 vise aussi la publicité indirecte et la promotion. Quelle en sont les limites: s'agit-il de réduire toute information culturelle ? Où est la formation ?

De nombreuses questions restent en suspens. Les méfaits incontestés de l'alcoolisme seront-ils moins grands lorsque la loi sera appliquée ? Aucune étude sérieuse ne l'a montré. L'expérience fait apparaître que le développement de la consommation des drogues ne doit rien à la publicité et que l'interdit manque d'efficacité en ce domaine. Alors même que la consommation des boissons alcooliques diminue sous l'influence d'une meilleure hygiène de vie et d'un plus grand souci de soi, voire du changement de la mode, fallait-il contraindre les individus plutôt que de les inviter à maîtriser leur consommation, fallait-il renverser le principe selon lequel tout ce qui n'est pas interdit est autorisé ?

Comment la population française réagit-elle ? L'opinion est à 93 % favorable aux actions d'information dans les écoles, à l'instar de ce que le Québec a réussi avec un programme « Educ'Alcool » dispensé dans 900 établissements scolaires et financé par la profession. Comment les autres pays de la communauté européenne ont-il traité ce problème ? L'ouvrage nous apprend que le plus souvent les professionnels, par la voie de l'autodiscipline apportent une réponse satisfaisante pour tous. La publicité n'est interdit nulle part.

Hervé Le Diascorn a le grand mérite de poser toutes les questions et de proposer des réponses. Cet ouvrage devra indiscutablement être mis entre les mains de tous ceux qui doivent décider dans le secteur des boissons alcooliques, décider de la production, de la politique commerciale, de la publicité ou de la promotion mais aussi de la simple information ponctuelle ou même de l'éducation et de la formation.

Il est utile à l'avocat tout autant qu'au magistrat chargé d'interpréter la loi. Mais, en outre, il convient que tous ceux qui se sentent concernés par l'évolution de notre Société en prennent connaissance car la loi du 10 Janvier 1991 constitue un tournant doctrinal important. Pour ma part, je forme le souhait que le fond culturel français n'ait pas à souffrir des nouvelles règles car il s'inscrit dans un ensemble mondial qui sur les cinq continents a acquis une réputation certaine, non pas celle qui s'attacherait à un pays d'intempérents mais bien au contraire à celle d'un pays où le goût est raffiné, associant le savoir-bien-boire au savoir-bien-manger.

Robert TINLOT
Directeur Général de l'Office International de la Vigne et du Vin


291 pages [Sommaire] [Présentation]
Franco France 35 euros TTC
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