La vie des sociétés | Communication | 27/01/2003
FRANCE : Débats soulevés par une affaire qui tourne au vinaigre
Lyon Mag a été condamné le 10 janvier dernier, à payer 350 000 euros aux 60 syndicats de producteurs de beaujolais qui avaient porté plainte « pour dénigrement de produit » suite à la publication d’une interview de François Mauss, qui mettait en cause la qualité du beaujolais.
Le mensuel, Lyon Mag’, magazine économique régional, a publié dans son numéro daté de juillet août 2002, un article intitulé : « Un grand expert accuse : le Beaujolais, ce n’est pas du vin ». François Mauss, président du Grand Jury européen et expert reconnu qualifiait le beaujolais de « jus de fruit légèrement fermenté et alcoolisé ». Il a rappelé que les producteurs, confrontés à une surproduction avaient sollicité quelque 760 000 euros de subventions pour transformer 100 000 hl de beaujolais en vinaigre. Or, il estime que les viticulteurs ne méritent pas d’être indemnisés : « ils étaient tout à fait conscients de commercialiser un vin de merde ».

Lyon Mag’avait donné la parole, dans le même numéro, à Maurice Large, président de l’Union interprofessionnelle des vins du beaujolais, pour répliquer aux accusations de François Mauss. Maurice Large a souligné que la qualité du vin n’est pas en cause et que « c’est la concurrence internationale qui est responsable des mauvaises ventes de beaujolais et de beaujolais village. Les viticulteurs sont victimes d’un phénomène de mondialisation de la viticulture ». Pourtant lors d’un communiqué, l’UIVB soulignait la nécessité de « retirer du marché des vins d’appellation plutôt que de porter atteinte à la réputation du vignoble. Il faut oser anticiper dès la prochaine récolte en décidant d’ajuster par des mesures courageuses le niveau des volumes à mettre en marché ».

D’une affaire franco-beaujolaise le débat se trouve porté au niveau international par : la Dépêche AFP, World News, The New York Times, Herald Tribune, le Canard Enchaîné, le Nouvel Observateur, la Tribune de Genève et le Monde. L’association Reporters sans frontière, dans un courrier adressé par son président Robert Ménard au président de la Cour d’appel de Lyon, a dénoncé pour sa part « le montant exorbitant de la somme réclamée, totalement disproportionné par rapport au préjudice subi ».

Le tribunal de grande instance de Villefranche-sur-Saône a fixé le montant des dommages et intérêts à un euro par hl de Beaujolais et de beaujolais village produit annuellement par chaque syndicat viticole plaignant. Le magistrat a prononcé l’exécution provisoire de cette condamnation qui dépasse largement les capacités économiques de Lyon Mag. Il est à noter que dans les affaires de presse, les condamnations ne dépassent jamais les 15 000 euros. Ainsi, la condamnation du tribunal de Villefranche-sur-Saône paraît excessive.

Lyon Mag’ s’interroge sur la nature des pressions qui ont pu s’exercer sur le tribunal de Villefranche-sur-Saône au cœur du Beaujolais alors que la rédaction a fait l’objet de menaces et d’insultes tout au long de cette affaire. Le jugement a été mis en délibéré au 5 février prochain à la cour d’appel de Lyon.

Source : La Revue des Œnologues

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