Dominique AUZIAS, fondateur du «Petit Futé», un des guides de voyage les plus vendus au monde, fait partie de la cuvée prestige des nominations dans l'ordre de la Légion d'Honneur : celle du 14 juillet, celle du président Chirac. Evénement peu ordinaire sur la route d'un enfant du pays pas comme les autres. «Je m'en doutais, des bruits circulaient, pendant le voyage officiel du Président de la république en Russie», glisse-t-il, comme on raconte une anecdote de voyage. Dominique Auzias connaît bien la Russie, où il a accompagné le chef de l'Etat avec d'autres entrepreneurs français, pour la visite officielle au président Poutine. Le Petit Futé y vend un million et demie d'exemplaires dans la langue de Pouchkine. C'est l'odeur de l'histoire en marche qui l'a attiré là bas, lors de la chute du rideau de fer. Une époque qu'il compare aux années 20, quand les vies se tracent à vitesse grand V, portées par «La célébration de quelque chose d'irrévocable». Que Dominique Auzias soit intime avec des personnalités russes de premier plan n'a pas dû le desservir, mais sa réussite dans les affaires valait bien à elle seule une petite rosette. Fondé en 1976, «Le Petit Futé» couvre 144 pays, déclinés en 485 destinations, villes, département ou région. Il emploie 250 personnes à Paris, auxquelles s'ajoutent sept autres filiales implantées dans le monde et une nébuleuse de correspondants. Prochaines implantations : La Chine où près d'un million de guides en chinois ont déjà été imprimés, Perspectives de développement : jouer avec l'interactivité du réseau Internet pour mettre à disposition des globe-trotters une base de donnée réactualisée quasiment en temps réel par les voyageurs eux-mêmes. Barroudeur-entrepreneur-viticulteur Au départ, «Le Petit Futé» c'est un guide de Nancy, où Dominique étudie le droit. Un peu plus tôt, il y a eu ce rêve américain, à la sortie du lycée Paul-Sabatier de Carcassonne. Arrivé à Kennedy Airport, il achète une Honda 757 à un quidam. De retour à l'aéroport, quelques mois plus tard, il tombe sur ledit quidam, à qui il restitue la moto, encore toute chaude de la route avalée. Pour voyager, en Auzias, on dit «sortir du contexte». Plus que de collectionner des cartes postales, il veut provoquer des rencontres, toiser son destin. Fort d'un solide bagage glané à HEC, il développe ensuite le manuel du voyageur malin, sur un concept en forme de constat : «Avant, les gens qui voyagaient achetaient en moyenne 180 F de guides, pour avoir à la fois l'aventure, la culture et les infos pratiques. Avec le développement des voyages, j'ai pensé qu'on ne consacrerait plus autant d'argent aux guides et qu'il fallait en faire un qui regroupe les trois dimensions». Le Fils de viticulteur, tiré à part d'une famille de sept enfants, a marié deux de ses trois amours d'enfance, le voyage et les livres, pour gagner sa vie. Reste le troisième, le vin, qu'il cultive désormais, un pied dans les sarments du Château Auzias-Paretlongue en Languedoc, l'autre en Eurasie, où il réalise 80 % de ses ventes. Le Petit Futé est un buveur de vent, pour qui le monde est un jardin d'agrément, Epinglé par la Légion d'Honneur, va-t-il reprendre racine ? Peu probable... Source : D'après Guillaume TRECAN - La Dépêche du Midi. |