Patrice-A. Marchand (1), Côme-A. Isambert (1), Monique Jonis (1), Marc Chovelon (2,1), Nicolas Aveline (3), Bernard Molot (3),
Céline Berthier (3), Arnaud Furet (4), Florent Bidaut (5), Éric Maille (6), Cédric Bertrand (7), Vanessa Andreu (7), Jean-Luc Brunet (8),
Luc Belzunces (8), Romain Bonafos (9), Bertrand Guillet (9)

(1) ITAB (Institut technique de l’agriculture biologique) - Paris – France.
(2) Grab (Groupe de recherche en agriculture biologique) - Maison de la Bio - Avignon – France.
(3) IFV (Institut français de la vigne et du vin) - Le Grau du Roi – France.
(4) ADABio (Association pour le Développement de l’Agriculture Biologique) - Ceyzeriat – France.
(5) Chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire – Service du Vin - Mâcon – France.
(6) Agrobio Périgord - Périgueux – France.
(7) LCBE UPVD (Université de Perpignan Via Domitia) - Perpignan – France.
(8) INRA (Laboratoire de Toxicologie Environnementale) - Avignon – France.
(9) Montpellier SupAgro, département Biologie et Écologie - Montpellier – France.

Introduction
Le projet Casdar 4P « Protection des Plantes Par les Plantes » porta entre 2009 et 2013 sur la recherche d’alternatives à l’utilisation de pesticides en s’appuyant sur l’évaluation de préparations à base de plantes (infusions, décoctions de prêle, armoise, absinthe et saule) dans un objectif de protection des cultures contre les bioagresseurs en particulier en viticulture. Ce projet AP repose sur un partenariat entre l’ITAB, les stations expérimentales des instituts techniques agricoles (ITA) et des laboratoires de recherche (Université, INRA, Montpellier SupAgro).
La première partie du projet 4P se concentra sur la préparation, la composition chimique et la stabilité des préparations. En s’appuyant sur les pratiques et les observations empiriques des agriculteurs qui utilisent ce type de préparations et sur les quelques travaux réalisés dans ce domaine [1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9] ce projet s’est organisé autour de deux grands objectifs : améliorer les connaissances sur les propriétés et les modes d’action de ces préparations végétales (efficacité, composition, toxicité…) et optimiser leur utilisation (dosage, durée de conservation, conditions d’applications…).
Le 4P se concentra dans un second temps sur l’étude des propriétés fongistatiques ou fongicides, la composition chimique et l’écotoxicité de ces extraits. Les études d’efficacité s’appuient sur des expérimentations de terrain réalisées sur un réseau de parcelles .
Ce programme pluridisciplinaire s’inscrit également dans le contexte du programme Écophyto, de l’effort porté sur les solutions de biocontrôle, et sur la parution du cadre réglementaire des préparations naturelles peu préoccupantes (PNPP) aujourd’hui définies dans la Loi d’Avenir Agricole (Article 50).
Il a pu mettre en évidence l’intérêt de ces préparations, définir les usages les plus caractéristiques (Bonnes Pratiques Agricoles), en particulier en viticulture dans la réduction des doses de cuivre et de soufre. Ces résultats sont encourageants et, bien que morcelés et partiels, sont en cours de valorisation effective.
Contexte et objectifs de l’étude 4P
Aujourd’hui, un certain nombre d’agriculteurs biologiques mais également conventionnels utilisent de façon plus ou moins empirique des préparations simples de plantes (infusions, décoctions, macérations), avec comme objectif, de conférer aux plantes cultivées une meilleure résistance aux attaques des bioagresseurs et/ou de réduire les traitements phytopharmaceutiques (nombre, fréquence, doses…). Les connaissances scientifiques concernant le mode préparatoire de ces produits et leurs modalités d’utilisation étaient rares et partielles mais sont en augmentation régulière.
La « rationalisation » de l’usage de ces produits doit permettre de répondre à l’une des demandes sociétales majeures de notre époque, à savoir la production d’aliments sains, non seulement pour les consommateurs (pas de résidus de pesticides) mais également pour l’environnement (pas de pollution des eaux et des sols, respect des équilibres naturels) et les utilisateurs (risques moindres voire nuls pour la santé de l’agriculteur qui utilise ces produits).
Car, pour que ces préparations puissent être utilisées avec une efficacité reproductible, il est primordial de comprendre même partiellement leur mode d’action de façon à pouvoir optimiser l’extraction des substances actives, le processus de fabrication, la stabilisation de ces préparations, les dates et les doses d’application, afin de protéger qualitativement et quantitativement les cultures de façon satisfaisante.
Les objectifs détaillés poursuivis dans ce projet étaient de :
– montrer des efficacités in vitro ;
– caractériser les extraits (approfondir les connaissances sur la composition, l’efficacité et les modalités d’application de préparations de plantes) ;
– tester l’innocuité des préparations, effectuer une première approche des risques de toxicité sur les organismes non cibles (organismes aquatiques, abeilles) ;
– tester l’efficacité sur plantes en pots ;
– tester l’efficacité en plein champ et si possible rendre reproductible l’efficacité de ces préparations (expérimentations de terrain réalisées sur un réseau de parcelles) ;
– fournir aux agriculteurs des références scientifiques leur permettant d’améliorer leurs pratiques quant à l’usage de ces produits.

1 Bertrand B, Collaert JP, Petiot E, 2003. Purin d'orties & Cie. Les plantes au secours des plantes, Editions de Terran, p.95
2 Bertrand C, Cochinaire A, Chanut A, Bellvert F, Popovici J, Comte G, Piola F, 2008. From allelopathy to agrochemistry: a new approach for the valorisation of invasive plants. Planta Medica 74, PE13
3 Hsieh T F, Huang J H, Hsieh L J, Hu M F, Ko W H, 2005. Antifungal effect of plant extracts on phytopathogenic fungi. Plant Pathology Bulletin 14, pp59-66
4 Lagow B, 2004. Horsetail, Equisetum arvense. PDR for Herbal Medecines, third edition, Montyale (NJ). ISBN 1-56363-512-7.
5 La Torre A, Spera G, Lolletti D, 2004. Activity of natural products against courgette powdery mildew. Communications in Agricultural and Applied Biological Sciences 69(4), pp671-678
La Torre A, Talocci S, Spera G, Valori R, 2008. Control of downy mildew on grapes in organic viticulture. Communications in Agricultural and Applied Biological Sciences. 73(2), pp169-78.
6 La Torre A, Talocci S, Spera G, Valori R, 2008. Control of downy mildew on grapes in organic viticulture. Communications in Agricultural and Applied Biological Sciences. 73(2), pp169-78.
7 Milovanovic V, Radulovic N, Todorovic Z, Stankovic M, Stojanovic G, 2007. Antioxidant, antimicrobial and Genotoxicity Screening of Hydro-alcoholic Extracts of Five Serbian Equisetum Species. Plant Foods Human Nutrition 62, pp113-119.
8 Petiot E, 2008. Les soins naturels aux arbres. Editions de Terran. 184 pages.
9 Villar Morales C, Ayala Orduno J L, Rodriguez Hernandez C, Lagunes Tejeda A, 1990. Use of plant infusions and aqueous extracts for the control of the fall armyworm, Spodoptera frugiperda (J.E. Smith) (Lepidoptera: Noctuidae) in San Luis Potosi. Revista Chapingo 15(67-68), pp105-107.
10 Fiedler L, 1987. Assessment of chronic toxicity of selected insecticides to honeybees. J. Apic. Res. 26, pp115-122.
11 Tour de Potter : installation utilisée pour une application précise d'insecticides sur des substrats ou des organismes comme une pulvérisation directe ou comme un film résiduel
12 Kreiter S., Sentenac G. 2004 Méthode d'étude des effets non intentionnels à moyen terme sur les phytoseiidae (typhlodromes) de la vigne des préparations phytopharmaceutiques utilisées en traitement des parties aériennes CEB 167
13 Andreu V, BertrandC, 2011. Caractérisation d’extraits éthanoliques de plantes utilisées en agriculture biologique. Rapport Casdar 4P
14 Une ombrière est une structure métallique en tunnel recouvert d’un filet d’ombrage qui permet essentiellement de protéger la vigne en cas de Mistral ou d’orages violents, relativement fréquents dans la Vallée du Rhône. Elle est exposée N-N-E/S-S-O. Une bâche au sol est étendu sur toute la surface du tunnel pour d’une part, éviter le développement d’adventices et d’autres part, réduire les sources d’inoculum venant des œufs d’hivers de Plasmopara viticola dans le sol. Les jeunes vignes sont plantées en pots individuels de 4 litres contenant du terreau et enrichi avec de l’engrais azoté. Chaque plant dispose d’un système d’irrigation de goutte à goutte pour éviter le dessèchement des vignes à cause d’un système racinaire restreint (cf. Figure 3). Le programme d’arrosage est de deux fois 20 minutes à 9h00 puis à 12h00. Ce dispositif permet de contrôler les inoculations de pathogènes fongiques en conditions de températures proche du plein champ (ce n’est pas un tunnel plastique).
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16 Marchand PA, Isambert CA, Jonis M, Parveaud C-E, Chevolon M, Gomez C, Lambion J, Ondet SJ, Aveline N, Molot B, Berthier C, Furet A, Clerc F, Rey A, Navarro J-F, Bidaut F, Maille E, Bertrand C, Andreu V, Treuvey N, Pierre SP, Coulon A., Chaput C., Arufat A, Brunet J-L., Belzunces L, Bonafos R, Guillet B, Conseil M, Prieur L, Tournant L, Oste S, Larrieu J-F, Coulombel A, 2014. "Evaluation des caractéristiques et de l’intérêt agronomique de préparations simples de plantes, pour des productions fruitières, légumières et viticoles économes en intrants" Innovations Agronomiques, 34, pp83-96.
17 Règlement d’exécution CE 540/2011 Entrée n°95 Laminarine
18 Journées Substances Naturelles 2013 http://www.itab.asso.fr/publications/jt-intrants2013.php et Programme 4P : http://www.itab.asso.fr/programmes/4p.php

Bibliographie complémentaire
18 Andreu V, Bertrand C 2013. Etude du potentiel antifongique et antibactérien d’extraits végétaux couramment utilisés en agriculture. GFP, Albi.
18 Andreu V, Amiot A, Calvayrac C, Simon-Levert A, Bertrand C 2013. Antitifungal activities of plants extracts traditionally used in organic agriculture. Natural Products and Biocontrol, Perpignan, France.